ACCROÎTRE CHEZ LES ÉLÈVES TDA/H LEUR IMPLICATION
DANS L’APPRENTISSAGE SCOLAIRE
par Manon Painchaud, psychologue
Commission scolaire Val-des-Cerfs
Ce texte propose quatre principes d’organisation pour améliorer l’implication des élèves :
1)établir un lien,
2) fournir de bonnes raisons de bouger,
3) garder les règles en vue,
4) en cas de doute, enseigner.
Cependant ces quatre principes ne sont pas une solution magique. De bonnes instructions et de bonnes interventions de classe sont nécessaires, mais ne sont pas suffisantes pour les élèves en grandes difficultés. Toutefois, elles fournissent une base pour les élèves ayant aussi besoin d’interventions individualisées.
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1. Établir un lien
Créer un environnement où l’élève se sent en sécurité physique et psychologique, autrement l’énergie cognitive n’est pas disponible aux apprentissages ; La relation qui se développe avec l’élève est primordiale. Les élèves ont besoin de sentir que leurs enseignants les respectent. Une fois cette relation créée, les conflits peuvent se régler beaucoup plus facilement. Les élèves TDAH ont souvent des comportements désagréables, l’enseignant doit donc mettre des efforts à créer une relation positive avec ces élèves ; Donner de l’attention positive avant que l’élève ait l’occasion de mal se conduire ; Les élèves sont difficiles à motiver mais le fait de croire en leurs habiletés aide beaucoup ; L’humour et la qualité de la relation sont primordiaux.
Suggestions pratiques :
Attendre les élèves à la porte de la classe et les accueillir par leur nom;
Faire un journal d’école ou de classe indiquant les talents scolaires et autres ainsi que les intérêts des élèves (observation d’oiseaux, voitures d’époque, science-fiction, baseball, maquillage, jardinage, rembourrage, dessin, musique, danse, sport, cuisine, identification des plantes, etc.). Ce sera ainsi plus facile de partager des intérêts ou d’avoir des sujets de discussion;
Se mettre à la place des élèves. Ex. : Essayer d’écrire avec votre main non dominante : pour certains élèves, écrire demande beaucoup d’effort. Comment aimeriez-vous être obligé de suivre un cours en physique nucléaire ? Est-ce que vous participeriez dans la classe ? Feriez-vous vos devoirs ? Ou, aimeriez-vous abandonner en raison des pré-requis que vous ne possédez pas pour suivre ce cours et parce que vous n’avez pas les habiletés pour ce genre de matière? Aimeriez-vous travailler avec un directeur différent à chaque heure ?
Choisir quelques élèves à chaque période et faire un effort supplémentaire pour avoir des interactions positives et un contact plus personnalisé. Choisir les élèves difficiles plus souvent.
Quel genre d’attention l’élève préfère-t-il ? Certains préfèrent les éloges publics alors que d’autres préfèrent un commentaire, un geste ou une note plus discrets.
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2. De bonnes raisons de bouger
Les élèves hyperactifs ont besoin de bouger, l’enseignant peut donc intégrer des mouvements à l’intérieur de ses activités d’apprentissage. Le niveau de réussite s’améliore et les problèmes de comportements diminuent lorsque les élèves sont engagés activement dans les activités scolaires. Cela nécessite que l’élève fasse quelque chose (lire, écrire, pointer, parler, découper, applaudir, etc.) Un bon enseignant équilibre le mouvement et les activités sédentaires. Il cherche les occasions où tout le monde peut répondre plutôt que de restreindre la réponse à des volontaires.
Quelques suggestions
Occasions de bouger en cours d’apprentissage :
Les élèves montrent le pouce vers le haut s’ils sont en accord avec la réponse et le pouce vers le bas s’ils sont en désaccord. On peut aussi ajouter le pouce de chaque côté pour «je ne suis pas certain». Ainsi tous les élèves peuvent répondre;
Les élèves répondent à des questions en élevant une carte «oui» ou une carte «non». Les élèves devraient avoir deux cartes avec le même mot inscrit de chaque côté. Autrement, les jeunes élèves ou ceux ayant un déficit d’attention ou une difficulté d’apprentissage peuvent devenir confus en voyant le «non» écrit sur l’endos de la carte pendant qu’il montre le «oui» à l’enseignant. Ces cartes peuvent être utilisées dans différentes situations (oui/non, vrai/faux, nom/verbe, additionner/soustraire) ;
Les élèves regroupent des cartes par catégories et les attachent ensemble. L’enseignant montre une carte et les élèves présentent la carte correspondante dans la même catégorie (groupe de fruits, légumes, objets, véhicules, etc.) ;
Les élèves répondent tous en chœur; ceci est très efficace pour les concepts de base que tous doivent apprendre. Exemple : lorsque l’enseignant dit le mot «solide», les élèves répondent en chantant et récitent «Un solide ne prend pas la forme de son contenant». Plus tard, les élèves auront l’occasion de répondre individuellement ;
L’utilisation des chansons, des récitations et du rythme (frapper des mains ou du pied) sont différents moyens de répondre de façon active, que les élèves soient appelés à répondre individuellement ou en groupe.
Inviter les élèves à inventer des chansons en coopération ou en compétition de classe. Ceci permet aux élèves de discuter et de travailler sur l’information la plus pertinente à retenir (ex. : une chanson avec des règles de grammaire) ;
Les activités telles les expérimentations en laboratoire et les manipulations mathématiques sont d’autres exemples de réponses actives. Cependant, les élèves TDAH ont besoin d’instructions très claires sur le but de l’activité et sur les étapes à réaliser.
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Occasion de bouger en dehors des activités d’apprentissage :
Désigner des élèves pour ramasser les feuilles, tenir du matériel, ranger les livres, etc. ; Envoyer un élève avec un message pour un autre enseignant. Préparer une enveloppe à l’avance adressée à un adulte de l’école. Dans l’enveloppe, on inscrit une note disant «cet élève avait besoin de bouger. S’il-vous-plaît, remercie-le et retourne-le en classe». On peut également glisser un dessin dans l’enveloppe et dire que l’on veut égayer la journée d’un collègue, lui écrire une petite blague ;
Fournir des petits temps d’exercices. Toujours encadrer les activités pour les élèves plus jeunes, ex. : sauter 10 fois en tenant le dossier de la chaise; enraciner ses pieds dans la tuile du plancher et s’étirer comme un grand arbre. Si les exercices stimulent trop les élèves hyperactifs, utiliser des étirements lents plutôt que des mouvements rapides ;
Attribuer de vraies tâches aux élèves hyperactifs (empiler des chaises, nettoyer le dessus des bureaux, déplacer les livres, etc.), la nature des difficultés de ces élèves fait en sorte qu’ils ont peu d’occasions d’aider les autres.
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3. Garder les règles de classe bien en vue
On se rend vite compte de l’hyperactivité d’un élève, toutefois c’est l’impulsivité qui crée davantage de problèmes. Si ces élèves étaient très actifs et ne présentaient pas de comportements d’impulsivité ou d’inattention, ils seraient très dérangeants mais l’impact sur le rendement scolaire serait sûrement moins grand. Nous savons toutefois que la plupart des élèves TDAH ont les trois composantes : hyperactivité, impulsivité et inattention . «Garder les règles bien en vue» est le principe de base pour travailler avec l’impulsivité. Les comportements impulsifs ne sont pas précédés par une réflexion et une prise de décision. Cependant, rabacher les règles n’améliore pas le comportement. Les élèves connaissent les règles (une fois qu’elles ont été clairement expliquées) mais ceci ne change pas leur comportement. Ainsi, tout ce que l’enseignant peut faire pour garder les règles bien en vue aide à réduire les comportements impulsifs. Ceci s’applique tant aux procédures reliées au travail scolaire qu’aux règles comportementales. L’enseignant peut simplement pointer la règle plutôt que de s’engager dans des réprimandes.
Quelques suggestions :
Installer les règles de classe dans un endroit où elles peuvent être facilement vues et lues par tous les étudiants, les expliquer en termes simples et mesurables. En mettre des copies plus petites dans différents endroits de la classe et au besoin sur le bureau ou un cahier de l’élève qui a besoin de rappels additionnels;
Désigner, de façon permanente ou rotative, un élève «expert» qui peut être appelé à réciter une règle spécifique. Donner la possibilité aux élèves d’être des experts pour la règle qu’ils enfreignent le plus. Une récitation fréquente des règles dans un contexte positif peut aider à les garder bien en vue ;
Placer des mémos sur le dessus du bureau ou dans le cahier de notes de l’élève. Ceci peut inclure une bande ayant les lettres de l’alphabet, la ponctuation, les règles mathématiques, les règles de sécurité en science, les mots les plus difficiles à épeler. On peut placer une feuille plastifiée à insérer au début du cahier de notes pour pouvoir mettre les mémos ;
Enseigner aux élèves une réponse non verbale orientée ou une attitude spécifique à avoir lorsque l’enseignant demande l’attention. Ils peuvent regarder l’enseignant et imiter une routine (claquement des doigts) ou faire un geste d’acquiescement ;
Fournir des exemples pour différents plans de travail. Lorsque l’on fournit des critères de vitesse (ex. : terminer 10 problèmes avant la récréation) ou de tâches à compléter (ex. : vous devez avoir répondu aux neuf problèmes pour mériter les crédits), ceci décourage plusieurs élèves qui peuvent alors fournir un travail de pauvre qualité. Un critère tel : «écris trois phrases complètes et intéressantes avec un maximum de deux fautes d’orthographe ou de ponctuation», encourage davantage à fournir un travail de qualité. Ces critères peuvent aussi être individualisés. On peut demander moins de phrases ou permettre plus d’erreurs à certains élèves. Le critère de vitesse peut être ajouté une fois que les autres critères sont maîtrisés ;
Écrire tous les devoirs et les travaux sur un grand calendrier, mis en évidence dans la classe ;
Utiliser les tableaux, les projecteurs, les cartes, les vidéos, les ordinateurs, etc., afin de fournir une information visuelle qui supporte ou remplace la lecture (plusieurs de ces élèves ont d’importantes difficultés en lecture) ;
Classer le matériel des matières par code de couleur. Ceci sera d’autant plus efficace si fait de façon constante d’une année à l’autre à l’intérieur de la même école. Ex. : le cahier de notes de mathématiques est toujours rouge, le cahier de base est recouvert en rouge et le matériel de mathématiques est classé dans un «duo-tang rouge».
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4. Lorsqu’il y a un doute, enseignez
Plusieurs élèves en difficultés (apprentissage ou comportements ) ont besoin de consignes directes sur les habiletés à utiliser et les concepts à maîtriser. Souvent l’enseignant prend pour acquis que, chez la plupart des élèves ces habiletés et ces concepts sont maîtrisés. Les élèves ayant un déficit d’attention ont des difficultés d’attention sélective et d’attention soutenue; il y a donc un écart entre ce que l’enseignant enseigne et ce que les étudiants apprennent. Les trois principes (établir un lien, fournir de bonnes raisons de bouger et garder les règles bien en vue) devraient aider à réduire cet écart, mais ne l’élimineront pas. Les enseignants doivent donc porter attention sur ce que les élèves apprennent et non sur ce qu’ils pensent transmettre à l’élèves. Les élèves TDAH ont particulièrement besoin d’instructions directes sur la façon de s’organiser et sur les habiletés d’étude. Ils ne savent pas comment nettoyer leur bureau et organiser leurs effets personnels, choisir le matériel nécessaire pour leur sac à dos ou quoi étudier et comment se préparer à un examen.
Quelques suggestions :
Fournir, étape par étape, les instructions pour l’organisation et la façon d’étudier ;
Encourager les élèves à partager ou à échanger différentes stratégies pour l’organisation de l’étude et ainsi montrer qu’il y a plusieurs façons d’arriver aux buts. Leur rappeler que même les stratégies les plus efficaces ne le sont pas au début. Aider les élèves à développer des critères pour évaluer si une stratégie est efficace pour eux-mêmes ;
Développer un système dans lequel les élèves sont reconnus comme «experts» dans un domaine particulier et leur référer des élèves pour plus d’instructions ou d’informations ; Enseigner aux élèves comment utiliser (la table des matières d’un manuel scolaire) ou d’un livre d’exercices pour appuyer leurs apprentissages. Plusieurs élèves en difficulté ne portent pas attention aux titres, chapitres, définitions, italiques, etc. que l’auteur fournit.
Conclusion
L’exemple qui suit illustre l’intégration des quatre principes expliqués. Un enseignant qui a établi une relation positive avec ses élèves est préoccupé parce que plusieurs d’entre eux n’utilisent pas les majuscules et les ponctuations finales d’une phrase de façon constante dans leurs écrits. Même s’il pense que les élèves devraient avoir déjà maîtrisé cette notion, il offre une mini-session pour ceux qui présentent encore des difficultés (lorsqu’il y a un doute, enseigner). Il demande aux élèves de faire cinq cartes où les règles sont décrites : la majuscule, la virgule, le point d’exclamation, le point d’interrogation et la carte sans erreur. Il présente des exemples au projecteur et les élèves montrent la carte associée à l’exemple (garder les règles en vue; fournir des bonnes raisons de bouger). Les élèves peuvent garder les cartes sur leur bureau pour s’y référer lorsqu’ils ont des écrits à faire. Les instructions et explications de l’enseignant ne devraient pas se limiter à des exercices d’habiletés. Les élèves devraient également être exposés à un riche éventail d’écrits, de réflexions, de discussions et de projets. Une application judicieuse de ces quatre principes favorisera la motivation scolaire et la réussite des élèves. Tous les élèves retirent des bénéfices lorsque l’enseignant établit un bon lien, fournit de bonnes raisons de bouger, garde les règles en vue et répond aux erreurs des élèves en enseignant plutôt qu’en blâmant.
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Titre : Increasing Academic Engagement of Students with ADHD
Auteur : Welch, Ann B, M.A., M.Ed.
Année : 1999
Source : ADHD Report, Vol.7 No.3